Pourquoi les étrangers détiennent-ils autant d’actions des entreprises françaises du CAC 40 ?
Le CAC 40 est l’indice boursier de référence en France, qui regroupe les 40 plus grandes entreprises cotées sur la place de Paris. Mais saviez-vous que près de la moitié de leur capital est détenu par des investisseurs étrangers ? Qui sont-ils, pourquoi sont-ils si présents et quels sont les enjeux de cette situation ?
Les chiffres de la détention étrangère du CAC 40
Selon une étude de la Banque de France publiée en décembre 2023, les personnes et investisseurs non-résidents en France détenaient 40,3 % du capital des entreprises françaises du CAC 40 en 2022, un chiffre stable sur un an. Ce taux était de 40,4 % en 2021, après avoir atteint un plus bas de 39,4 % en 2020, en raison de la crise sanitaire et économique liée à la pandémie de Covid-19. Il reste cependant loin du pic de 47,8 % observé en 2013.
Voici une vidéo relatant ces faits :
À la fin de l’année 2022, la Banque de France a recensé 35 entreprises françaises du CAC 40 ayant leur siège en France, à l’exception d’Airbus, ArcelorMittal, Eurofins Scientific, Stellantis et STMicroelectronics, qui ont été exclus de l’étude en raison de leur siège social à l’étranger. Parmi ces 35 sociétés, 12 étaient majoritairement détenues par des actionnaires non-résidents. Les secteurs de la santé et des services aux collectivités ont particulièrement attiré l’attention des investisseurs étrangers, tandis que les biens et services de consommation ont enregistré la plus faible participation de ces actionnaires.
Les sources de la détention étrangère du CAC 40
Les détenteurs non-résidents d’actions françaises sont principalement originaires de la zone euro (41,8 %), dont 15,5 % du Luxembourg, 8,3 % d’Allemagne, 4,3 % d’Irlande et 4 % d’Italie. Les investisseurs américains détiennent une part de 36,4 %. Les pays membres de la zone euro et les États-Unis constituent donc la majorité de ces détenteurs étrangers (78,2 % à eux deux en 2022).
Les investisseurs étrangers sont attirés par les sociétés françaises du CAC 40 pour plusieurs raisons. D’une part, ces entreprises sont souvent leaders dans leur secteur d’activité, innovantes et rentables. Elles bénéficient également d’une bonne visibilité sur les marchés financiers internationaux et d’une forte diversification géographique. D’autre part, les investisseurs étrangers cherchent à diversifier leur portefeuille d’actifs et à profiter des opportunités offertes par le marché français, qui présente une capitalisation boursière élevée par rapport au PIB (97 % fin 2022) et un niveau de détention étrangère relativement faible par rapport aux autres pays européens.
Les enjeux de la détention étrangère du CAC 40
La présence des investisseurs étrangers dans le capital des entreprises françaises du CAC 40 n’est pas sans conséquences. Elle peut avoir des effets positifs ou négatifs selon les points de vue.
Du côté positif, on peut souligner que la détention étrangère favorise le financement des entreprises françaises, leur permettant ainsi de réaliser des investissements productifs, de créer des emplois et de renforcer leur compétitivité. Elle témoigne également de l’attractivité et de la confiance que suscite le tissu économique français auprès des acteurs internationaux. Elle contribue enfin à l’intégration financière européenne et à la stabilité du marché boursier français.
Du côté négatif, on peut craindre que la détention étrangère ne réduise la souveraineté économique et industrielle de la France, en exposant les entreprises françaises à des risques de délocalisation, de rachat ou de perte de contrôle stratégique. Elle peut aussi entraîner une fuite des dividendes vers l’étranger, diminuant ainsi les recettes fiscales de l’État français. Elle peut enfin accroître la volatilité du marché boursier français, en le rendant plus sensible aux chocs externes et aux mouvements spéculatifs.
Après un Master en Finance, j’ai commencé ma vie active en cabinet d’études financières. Pour être franc, j’ai fait rapidement le tour de ce qu’il y avait à y voir. Aujourd’hui je navigue entre intervention conseil en entreprise et mes billets d’analyse et de conseils en finance / bourse 🙂